lundi 5 mars 2018

PADD : Allocution de Gilbert MENUT, Maire de Talant - Conseil Municipal du 3 mars 2018



PADD – allocution GM
03-03-18
VERSION PRONONCÉE
Chers collègues,

Je le dis haut et fort : la démarche de Talant dans l’élaboration du PADD du PLU i HD a été exemplaire, aussi bien pour la circulation de l’information, du moins de celle dont on dispose, pour la participation proposée à la population qui, à l’instar de ce que nous avons fait pour notre PLU, a été un succès, que pour la contribution au document à laquelle nos services ont très largement participé et il faut les en remercier.
Je pense que peu d’autres commune se sont à ce point impliquées, y compris Dijon dont les édiles se sont contentés de quelques agitations formelles dans la confusion entretenue entre la ville et la métropole.
Le magazine municipal de février a largement exposé et développé le sujet.
On regrettera le mode littéraire utilisé dans le document qui nous est proposé : moderno-jargonesque à souhait, avec des collections de mots à la mode, sans contenu précis mais « qui font sens », comme on dit, ou d’autres qui ne sont que des cache-misères pour gommer la disparition programmée des espaces verts en zone habitée comme en zone d’activité.
Le document est globalement standard, sans originalité, et pourrait tout aussi bien préfigurer les banlieues de Bordeaux, ville souvent citée en exemple par monsieur REBSAMEN.
On était d’ailleurs prévenus, puisque le trio déclamatoire de la Métropole, Rebsamen-Pribetich-Masson, prend comme modèle les références les plus banales exprimées dans l’urbanisme des villes allemandes.
Outre que l’urbanisme allemand, n’est, à mon sens, ni le plus original ni le plus chaleureux d’Europe, il est surtout marqué des cicatrices et stigmates de la dernière guerre, qui n’a laissé ici aucune trace car Dijon a eu la chance de ne pas connaître le sort de Dresde, Hambourg, ou même en France Le Havre par exemple.
A chacun son histoire, son héritage et de ce fait ses solutions pour traiter des problèmes qui, s’ils sont identiques de ville en ville, n’ont pas les mêmes effets.
C’est d’autant plus vrai que l’agglomération dijonnaise est faite d’une ville de taille modeste entourée de villes et villages de caractère. Cette agglomération est constituée de sites que l’histoire a renforcés et préservés.
L’intérêt est dans cette diversité, mais les élus métropolitains actuels n’ont pas l’esprit ouvert à la diversité, à la variété. À chaque chose un remède et un seul : le leur.
Des phrases l’expriment clairement : par exemple « une mise en réseau des centralités autour de bassins de vie estompant les frontières communales au profit d’un fonctionnement commun mutualisé. »
Pour ma part, je dis exactement le contraire : préserver l’originalité des sites dans toute leur diversité avec une mise en valeur localisée. À ce sujet, le récent épisode de neige a montré notre sage prudence de conserver nos propres services de déneigement. Même notre collègue de Fontaine déplore la médiocrité des services de la Métropole.
Les orientations proposées maintenant sont souvent en contradiction avec ce que l’on nous a vendu voici quelques années.
Après une phase de développement des zones d’activités, on les réduit aujourd’hui. Il est vrai que Valmy, tout en bloquant le développement de zones prévues antérieurement, n’est pas remplie.
Les objectifs originels ne sont pas atteints, ce qui n’empêche pas leurs auteurs, en se contredisant, d’en affirmer d’autres avec la même assurance.
De même les zones d’activités qu’il fallait larges et aérées, sont aujourd’hui découpées pour densifier et économiser de l’espace. Cherchez l’erreur !
Une autre idée qui sous-tend le document soumis à votre appréciation est aussi profondément erronée : il faudrait construire pour attirer la population, donc on construit. C’est faux pour ne pas dire plus. C’est l’emploi qui attire la population. Les villes espagnoles l’ont payé cher voici quelques années, mais comme souvent l’expérience ne fait pas leçon.
On peut aussi se demander pourquoi attirer à toute force de la population. On le voit ces temps-ci où Besançon la petite dame le pion avec vigueur à Dijon la grande ; et vous avez peut-être lu, dans Le Journal du Palais en début de semaine, un article intéressant de M. Fousseret, maire de Besançon. Monsieur Rebsamen doit se dire que les amis ne sont plus ce qu’ils étaient, ou peut-être devrait regretter l’opération du camp du drap d’or à l’occasion de l’inauguration du tram, où François se prit pour le 1er au lieu de considérer son concurrent tout de modestie avec sérieux. Aujourd’hui, Dijon pâtit !
Le projet est énorme : 20 000 à 30 000 habitants de plus, Chenôve plus Talant ! En plus ! En dix ans et aucun des problèmes liés à de telles arrivées de population n’est abordé : d’où vient la population ?
·         faut-il finir de vider les campagnes y compris Velars, Sombernon, Mâlain, auxquelles est contesté le droit de se développer ?
·         faut-il concurrencer d’autres villes ? mais on l’a vu, elles se défendent ?
·         faut-il ou peut-on espérer sur des populations nouvelles de l’immigration ou de la natalité, qui en France comme ailleurs en Europe est désormais en berne ?
J’ai interrogé la Métropole par écrit mais qui n’a pas répondu.
Quels équipements sont nécessaires ? Il faut prévoir 6 à 8 groupes scolaires supplémentaires, à la charge de qui ?
Chenôve avec 900 logements en plus, Fontaine avec 500, ont elles tant de classes vides et de locaux disponibles ?
J’ai interrogé la Métropole qui n’a pas répondu.
Quels autres services sont à prévoir ?
Où ira-t-on chercher l’eau nécessaire alors que déjà on se bat avec les communes de la Vallée de l’Ouche.
Le bassin du dijonnais est petit et structurellement – géologie et géographie – incapable de supporter de grandes populations.
On aura peut-être recours à la réserve des Maillys protégée par la politique d’avenir de Louis de Broissia et de François Sauvadet, au-delà des sarcasmes de madame Popard.
Où en sont les réseaux eau et assainissement ?
Que se passe-t-il sous terre et particulièrement sous Dijon ? Mystère auquel on ne consacre pas les moyens nécessaires. Emmanuel Bichot l’a déjà dénoncé.
Un autre service n’est pas évoqué : quand le dépôt de déchets inertes sera saturé que fera-t-on ?
Le sujet est tabou. Faire le joli cœur à Fauverney voici quelques années a été pour M. Rebsamen plus aisé que de trouver une solution de remplacement.
Pour ce qui concerne Talant, la politique menée par les Conseils Municipaux, le précédent et celui-ci a protégé la ville et ainsi il n’y a aucune zone nouvelle mise à l’urbanisation sur notre commune. En particulier l’ENS est totalement préservé !
L’augmentation de la population et la densification restent limitées à ce qui est actuellement, divisées par deux par rapport aux premières moutures.
L’évolution de la zone d’activités, que nous avions envisagée mais pas retenue, sera possible dans un contexte global d’agglomération, ce qui me paraît positif.
Le rôle de Talant dans la renaissance du vignoble du Dijonnais est reconnu, ce qui pour certains n’allait pas de soi, qui n’ont que la Cras pour horizon !
Vous l’aurez compris les principes de base de ce document sont contestables, les objectifs douteux mais l’application pour Talant d’effets limités, sous réserve de surveiller de très près la cartographie et la réglementation du futur PLU.

A noter que les augures ne sont pas favorables :
La tutelle n’est pas naturellement disposée à l’ouverture d’esprit.
La Métropole a un vrai problème de gouvernance
Le calendrier est aussi à considérer. Le PLUi HD devrait sortir avant les élections municipales, Monsieur Rebsamen ne tenant pas à nouveau ses engagements. Il avait dit que cela viendrait après les élections, mais ça, c’était avant la décision, pour rassurer et obtenir la compétence, tactique mensongère devenue habituelle chez lui.

Ce PLUi HD même adopté avant les élections pourra encore être contesté et surtout après les élections selon le choix des électeurs remis en cause et modifié.
Finalement assez paradoxalement à Talant parce qu’on a bien travaillé et à la Métropole parce qu’ils ont voulu ruser, ce document s’annonce de peu de conséquences, à condition de ne pas baisser la garde bien sûr !
Je vous invite donc à voter cette délibération non pas comme un blanc-seing mais comme une contribution forte de demandes et de réserves à un document certes erroné dans sa logique mais perfectible, si les rédacteurs font preuve d’ouverture d’esprit.
Je veux redire enfin que nous avons ici le résultat d’une vraie et forte concertation : elle a été brocardée et moquée au sein même de cette assemblée. Mais elle nous permet, parce que les Talantais nous ont fait connaître leur opinion, de faire valoir une position légitime et cohérente.
Je vous remercie de votre attention.

Gilbert Menut
Maire de Talant
Conseiller Dijon Métropole

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